Alpine: Szafnauer fait ses adieux, Prost dézingue Rossi
Le comité de direction a finalement sévi chez Alpine. Après le départ de Laurent Rossi il y a quelques jours, c’est au tour de trois cadres majeurs de l’activité en F1 de quitter l’aventure : Otmar Szafnauer, Pat Fry et Alan Permane ! La faute à des performances beaucoup trop justes en championnat, que Laurent Rossi avait d’ailleurs vivement critiquées avant le Grand prix de Monaco. La faute peut-être aussi au moteur Renault, le moins puissant du plateau et qui ne peut évoluer du fait du gel technique imposé. Une collaboration qui prend donc fin et qui voit Bruno Famin, Julian Rouse et Matt Harman gérer l'intérim en attendant qu’il y ait un nouvel organigramme mis en place. Le nouveau personnel pourrait, espérons le, relancer la saison catastrophique d'Alpine.
L’hécatombe de la saison 2023
Les victimes s’enchainent chez Alpine ces derniers jours. Alors que la saison en F1 de l’écurie française est plus que décevante quand on connait les ambitions qui avaient été données avant le début de saison, c’est finalement peut-être un mal pour un bien. Les grandes manoeuvres sont décidément en cours à Enstone. Des directives qui suivent très probablement l’impulsion du CEO du groupe Renault, Luca de Meo. Un nouvel état d’esprit devrait être mis en place pendant la trêve estivale pour permettre de reprendre la suite du championnat à la rentrée dans les meilleures conditions possibles.
Une décision qui énerve Alain Prost
Alain Prost, l’ancien directeur non-exécutif de Renault F1 devenu Alpine parle franchement de la situation après la vague de limogeages à Enstone. Le « professeur » a fustigé les décisions récentes et critiqué sévèrement la manière dont la Formule 1 est abordée par le constructeur français dans un entretien accordé à nos confrères de l’Équipe. Selon ses dires, aucune écurie dans l’histoire de ce sport n’a réussi en étant dirigée par des managers issus d’un groupe industriel. Il rappelle ainsi les échecs successifs de Toyota, BMW, Honda et désormais Alpine en comparaison avec les succès rencontrés par Ferrari, Mercedes et Red Bull.
« Je crois simplement qu’il faut s’appuyer sur l’histoire pour comprendre l’erreur », souligne Alain Prost. « Si vous regardez les grands succès de ces trente dernières années, vous trouverez une structure simple, détachée d’un organigramme industriel, construite autour de trois ou quatre personnalités fortes, couplée à un pilote champion ». « Et dans les cas de Ferrari, Mercedes et Red Bull, il y avait un président fort complètement impliqué dans la F1 pour soutenir l’action engagée : Luca di Montezemolo, Dieter Zetsche et Dietrich Mateschitz, insiste-t-il. Ils avaient les codes de la F1, l’agilité et la souplesse pour laisser leurs hommes prendre les décisions » poursuit-il.
« La volonté de Red Bull de ne pas s’associer à Porsche vient d’ailleurs de ce refus de se plier à ces décisions trop lourdes venues du board et de gens qui ne connaissent pas la F1 », remarque le professeur. « Durant mes années chez Renault, combien de fois ai-je entendu dans les couloirs du siège à Boulogne-Billancourt que la F1 était un simple business qui pouvait être dirigé de la maison par des hommes en place. Grossière erreur comme le démontre le chaos déclenché par Laurent Rossi, dont Luca de Meo s’est séparé il y a une semaine ».
« Rossi est le plus bel exemple de l’effet Dunning-Kruger, celui d’un dirigeant incapable qui pense pouvoir surmonter son incompétence par son arrogance et son manque d’humanité à l’égard de ses troupes » conclut-il. « Il croyait avoir tout compris d’entrée alors qu’il s’est totalement fourvoyé. Son management a brisé l’élan qui avait été mis en place depuis 2016 pour arriver à ces podiums et cette victoire en Hongrie. C’est un lamentable gâchis… »
« Il y a peut-être eu aussi un peu d'arrogance en début de saison ou d'excès de confiance »
Le directeur de l’écurie Alpine de 2016 à 2020 a analysé la situation auprès de nos confrères de franceinfo:sport. « Cela traduit une insatisfaction sur les résultats et très probablement une perte de patience de la part du comité de direction du groupe Renault » explique-t-il. « Au-delà de l'impatience, il y a peut-être eu aussi un peu d'arrogance en début de saison ou d'excès de confiance. Quand on ne se confronte pas à la réalité, au bout d'un moment on peut soi-même se raconter des histoires. Il n'est pas exclu que l'histoire que l'on se racontait en interne fût trop flatteuse. Mais Alpine n'est pas si loin non plus ».