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Résultats financiers de Renault en 2018

Hier, Thierry Bolloré, directeur général de Renault a présenté les résultats financiers issues de l’année 2018, autrement dit, le dernier bilan de l’ère Carlos Ghosn. Malgré une conjoncture défavorable, Renault se maintient à un bon niveau.
Par le 15/02/2019 Dernière mise à jour le 14/02/2022

Le chiffre d’affaire du groupe est en légère baisse (-2,3%) comparé à l'année 2017 qui avait été une année record et s’établit ainsi à 57,4 milliards d’euros alors que dans le même temps, les immatriculations mondiales du Groupe sont en hausse de 3,2 % avec un total de 3,9 millions de véhicules. Hors Avtovaz, le constructeur des voitures Lada (propriété de Renault), le chiffre d’affaire atteint 51,2 milliards d’euros, en baisse de 4,4 %.

Pour faire simple, les ventes sont donc en légère hausse en 2018, mais le chiffre d'affaire obtenu est malgré tout en baisse.

Le résultat d'exploitation en forte baisse

La marge opérationnelle du groupe s’établit à 3,6 milliards d’euros soit 6,3 % du chiffre d’affaire. La division automobile hors Avtovaz atteint les 2,2 milliards, soit une baisse de 545 millions d’euros (-20% vs 2017). Quant au résultat d’exploitation du Groupe, il se dégrade légèrement puisque qu'il passe sous la barre des 3 millions d'euros (2,98 milliards d’euros) contre 3,8 l’année dernière.

Ces résultats en dent de scie, sont la résultante de plusieurs facteurs. D’une part, Renault indique dans son communiqué que les fluctuations monétaires ont été très défavorables cette année 2018. D'autre part, le marché automobile mondial s’est dégradé sur le second semestre de 2018, obligeant Renault a modifier sa politique commerciale. Enfin, la baisse des ventes des moteurs Diesel en France et en Europe suite à l'affaire du Dieselgate qui a bousculé le monde de l'automobile, a directement impacté ses ventes auprès des partenaires (notamment le constructeur allemand Daimler pour la marque Mercedes et l'allié nippon Nissan). Le tout sans oublier les sanctions économiques décidées par les Etats Unis contre l’Iran, un marché sur lequel, tout comme PSA mais à une échelle moindre, Renault était plutôt bien implanté

L’apport de Nissan de nouveau en baisse pour 2018

Du côté de ses partenaires, Nissan a apporté 1,54 milliards d’euros au titre de l'exercice alors que l’année précédente, il avait procuré à Renault pratiquement un montant double, avec près de 2,8 milliards d’euros. La donne a donc considérablement changé avec un très net ralentissement des résultats de Nissan ces derniers mois alors que l'Alliance était le premier producteur de voitures en 2017.

Il faut cependant noter qu’une partie de l'apport précédent provenait d’un gain exceptionnel de plus de un milliards d'euros suite à une importante réforme fiscale aux Etats-Unis d'Amériques (évaluée à 1 021 M€) et à une revente (entamée en novembre 2016) au fond d'investissement américain KKR de la participation du constructeur nippon dans Calsonic Kansei, un équipementier automobile japonais dont Nissan possédait 40,7 % des parts. Cette transaction aurait rapporté à Nissan près de 1,76 milliard d'euros.

La mauvaise passe que traverse actuellement Nissan en termes de résultats, que ce soit commerciaux ou financiers, impacte une nouvelle fois les résultats de son principal actionnaire, Renault.

Fin avril 2019, Nissan avait émis un avertissement sur ses résultats au titre du précédent exercice qui se terminait au 31 mars 2019. Sans surprise, le constructeur nippon a en effet annoncé officiellement ses résultats avec une baisse de 57,3 % de son bénéfice net avec un total de « seulement » 2,59 milliards d’euros. Cette forte baisse est notamment due à une importante chute de sa marge qui s’est elle aussi effondrée à 2,7 % contre 4,8 % l’année précédente, soit les résultats les plus mauvais depuis plus 10 ans.

Pour l’exercice en cours qui se clôturera en mars 2020, les perspectives sont encore pires, avec l’annonce d’un bénéfice net de l’ordre de 1,38 milliards, soit une nouvelle baisse de près de 50 %.

Nissan explique ces résultats et ce nouvel objectif par divers facteurs, mais n’oublie pas non plus de nommer un bouc émissaire tout désigné : l’affaire C.Ghosn.
Ces objectifs pourront cependant être revus au cours de l’année, à la hausse ou la baisse selon la conjoncture prise par le secteur automobile mondial et par l’évolution de la situation de Nissan.

La négociation autour d’une fusion toujours d’actualité

Malgré tout cela, les négociations entre Renault, Nissan, et Mitsubishi continuent. Les deux constructeurs japonais restent pour le moment sur la même ligne, jugeant toute fusion trop hâtive depuis plus de 5 ans, pour ne pas dire pas d’actualité.

Pourtant, du coté français, les dirigeants semblent bien vouloir accorder à Nissan certaines exigences, comme celle de rééquilibrer l’Alliance, une demande maintes fois formulées, mais jusqu’à présent restée sans suite.

Pour cela, plusieurs pistes sont à l’étude. L’une d’elle consisterait tout simplement à réduire l’actionnariat de Renault chez Nissan, qui est actuellement de plus de 40%, quand Nissan ne dispose que de 15% de Renault, sans aucun droit de vote, pour des raisons réglementaires notamment. L’autre piste serait que Nissan monte au capital de Renault.  Dans ce cas, on pourrait penser que l’Etat français lâcherait une partie du capital qu’il détient.

Enfin, une troisième serait un mix des deux, à savoir réduire le poids de Renault dans Nissan, et augmenter celui de ce dernier dans le constructeur français.

Tous les scénarios sont donc à l’étude. Nul doute que l’Etat aura son mot à dire, étant donné qu’il reste à ce jour l’actionnaire majoritaire du constructeur français. Des voix divergent d’ailleurs au sein du gouvernement quant à la direction à prendre pour tenter de sauver l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.

Quoiqu’il en soit, à ce stade, une fusion paraît plus que jamais irréalisable...

Nissan accepte la nomination du n°2 de Renault

Pour autant, chez Nissan, on joue également l’apaisement en acceptant la nomination de Thierry Bolloré à son conseil d’administration. Les mauvais résultats actuels ayant fragilisés l’actuel président Saikawa au point que certaines rumeurs le disaient très menacé, quelques négociations ont dû avoir lieu en coulisse… de quoi donner du poids à Renault.

Thierry Bolloré est cependant apprécié des dirigeants de Nissan, bien qu’il soit l’ancien bras droit de C.Ghosn chez Renault, raison pour laquelle cette nomination a potentiellement été plus simple qu’elle n’en n’a l’air.

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