Le centre d'essai de Renault à Aubevoye nous a ouvert ses portes

Chez Renault, depuis plus de 40 ans, aucun produit ne sort sans faire un petit passage par le centre technique d’Aubevoye dans l’Eure, non loin de l’ancien domaine de Louis Renault situé dans la petite commune d’Herqueville. Autant dire qu’il en aura vu défiler des modèles et des prototypes !
Exceptionnellement, Renault a ouvert son centre à la presse. L’occasion pour nous de présenter (une partie seulement) sa politique en matière de fiabilité et de durabilité qui année après année est de plus en plus stricte, alors que dans le même temps, la durée de développement des véhicules se réduit pour d’une part, faire baisser les coûts, mais aussi pour être plus réactif face à la concurrence chinoise. Nous n’avons ainsi pas pu voir l’intégralité du site, et nous sommes limités aux ateliers dédiés à la compatibilité électromagnétique, les essais d’aides à la conduite, les tests de performances et consommation, les ateliers dédiés à la fiabilité et durabilité ainsi qu’une partie des pistes d’essais. Nous avons aussi eu l'occasion de croiser de nombreuses voitures masquées, ou encore la nouvelle Nissan Micra basée sur la R5. En revanche, aucune trace de la future Twingo.
Fort logiquement, nous n’avons pas pu prendre de photos à l’intérieur de l’enceinte protégée par des gardes, caméras et fils de barbelés. Les photos présentées ici sont donc issues du service de Renault.
Compatibilité électromagnétique
Dans cet atelier, Renault teste les interactions des différentes ondes. Un point devenu de plus en plus essentiel avec l’essor des véhicules électriques qui provoquent une forte augmentation des ondes électromagnétiques. Renault dispose ainsi sur le centre d’Aubevoye d’une chambre d’immunité, dans laquelle le constructeur peut notamment tester la réaction des véhicules lorsque la foudre tombe notamment et de tester les interactions entre les différentes ondes.
À ses côtés, on trouve une impressionnante cage à radiofréquence (dite chambre anéchoïque) qui fait onze mètres de haut pour une superficie totale de 300 m2.
Dans cette impressionnante cage recouverte de 3 000 cônes de 1,5 mètre de haut créée il y a 20 ans et qui était alors unique en Europe, le constructeur peut tester les interactions entre les différentes ondes. S’il y a 20 ans, les ondes étaient encore limitées, désormais, avec la 3G, 4G, 5G, les ondes TNT ou encore le Wifi, sans oublier les ondes provoquées par les systèmes électriques du véhicule, cette cage est devenue essentielle. D’ailleurs, tous les véhicules produits par Renault dans le monde passent par ici, ce qui représente près de 1 000 essais par an.
Une dernière cage de Faraday que nous n’avons pas pu voir est une chambre de mutisme qui mesure les ondes émises par le véhicule.
Consommation et performances
Moins impressionnant car plus connu que les cages de radiofréquence, Renault teste ici de nombreux éléments essentiels, avec notamment la résistance à l’air (simulée au préalable via le numérique) et au roulement, les performances (jusqu’à 250 km/h), etc. Ces bancs d’essais peuvent aussi simuler de fortes températures allant de -30° à + 50° bien qu’ils ne puissent pas remplacer les essais réalisés dans les zones de grand froid.
Il permet aussi de réaliser les tests concernant la norme WLTP liée à la consommation de carburant ou électrique. Et grâce au dernier banc mis en place qui peut simuler les changements de températures, il pourra être utilisé par les futures réglementations Euro 7 qui prendront en compte la température pour le calcul de l’autonomie et de la pollution des véhicules.
Le centre d’essai est d’ailleurs agréé par les autorités pour valider les résultats WLTP. Pour cela, un auditeur externe à Renault doit être présent sur site afin de valider que le test réalisé par un opérateur interne se réalise selon les conditions demandées.
Durabilité et fiabilité
Depuis 5 ans, sous l'impulsion de Luca de Meo, Renault s’est fixé comme objectif que ses véhicules soient encore comme neufs après 5 ans d’utilisation et 60 000 km, et que le vieillissement soit lent et homogène au-delà. Les différents essais se sont ainsi fortement durcis permettant de changer les normes lors de la conception des véhicules.
Outre les éléments mécaniques, la marque teste également particulièrement les éléments que manipulent les clients. Le constructeur en a ainsi référencé 200 qui représentent les 80% des incidents relevés par le réseau.
Des opérateurs (et non des robots) réalisent ainsi durant de nombreuses semaines (5 mois représentant 5 ans) des actions anodines comme des entrées/sorties dans l’habitacle, ouverture et fermetures de portières, manipulation des différentes commandes, etc. Le constructeur surveille aussi les jeux qui pourraient se créer sur les différents éléments assemblés à l’aide de petits adhésifs.
Le constructeur veille aussi au vieillissement des peintures et des traitements anti-corrosion à l’aide de 18 chambres de corrosion.
Mise au point des aides à la conduite
Dernier pôle que nous avons visité, celui des aides à la conduite. Un pôle qui a désormais une importance capitale pour la mise au point des innombrables aides à la conduite dont les véhicules modernes disposent et qui jouent massivement sur la note lors des crash-tests.
Ici, plus de 10 000 tests sont réalisés chaque année, avec notamment des véhicules en mousse pour tester les systèmes lors de chocs, ou encore des piétons ou cyclistes factices.
Pistes d’essais
Le centre d’Aubevoye dispose de près de 35 pistes d’essais pour un total de 60 km sur un total de 600 hectares qui regroupe tout type de route comme la ville, l’autoroute, des pistes de 4x4 et même une zone de montagne, créée de toute pièce ou encore un anneau de vitesse comme à Montlhéry.
Il est également possible de simuler des routes détrempées, même si en Normandie, il suffit de faire appel à la nature. Diverses zones permettent aussi de simuler des routes poussiéreuses (indispensable pour les véhicules prévus pour l'Amérique du Sud comme l’Argentine, et particulièrement pour le nouveau Boreal), des passages de gués plus ou moins profonds, ou encore des routes défoncées, avec des ornières, des routes pavées, ou à faible adhérence pour simuler la neige ou le verglas par exemple.
Détail amusant, les différentes zones sont nommées à l’aide du nom des capitales Européennes qui permettent aux essayeurs de se repérer. Ainsi, en seulement quelques minutes, nous avons pu traverser Rome ou encore Bruxelles. Ici, ce sont plus de 6 millions de kilomètres qui sont effectués chaque année. Un chiffre énorme, mais sans commune mesure avec 12 à 13 millions de kilomètres réalisés il y a encore seulement 12 ans. Cette baisse du nombre de kilomètres n'empêche pas le site de tourner 24h/24 et 7j/7 à l’exception de trois jours fériés par an.