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2. Renault adapte ses usines pour l'effort de guerre (1914-1918)

1914, marque le début de la première guerre mondiale, et consacre la 40 CV 6 cylindres comme la voiture de l'année. Mais au final, ce sont les célèbres Taxis de la Marne et le char FT17, symbole de la victoire française, qui restent dans les mémoires
Par le 23/06/2002

Ainsi, c'est surtout la participation de Renault à la guerre qui est à retenir puisque Louis est celui qui a apporté la contribution la plus massive à l'effort militaire. Cet engagement total lui permet d'ailleurs à la fois de développer son potentiel technique, la réorganisation du travail, et l'agrandissement de ses usines, ce qui lui permettra dès la fin de la guerre de se placer comme le leader de l'industrie française.

De l'automobile au matériel de guerre

La guerre va changer à la fois les rapports de Renault avec l'état, mais aussi comme on l'a vu, la nature des productions de ses usines. Un lien de plus en plus étroit s'établit ainsi entre l'État et les entreprises, qui vont participer activement à ce que l'on pourrait appeler la "production guerrière". Le 20 Septembre 1914, le ministre Millerand décide de répartir la fabrication des obus par "groupes régionaux". En 1915 se fonde le "Groupement des Constructeurs Français d'Armes Portatives", puis par la suite le "Groupement des Constructeurs des Moteurs d'Avions".

Les usines Renault entrent dans les deux groupements et dirigent même le premier... L'usine Renault se spécialise surtout dans le domaine des camions, des chars, des moteurs d’avions et à la production de diverses munitions (voir ci-dessous). Entre ces deux dates, l'activité purement automobile est bien sur fortement ralentie, sinon arrêtée, même si une ligne mobile est tout de même conservée dans cette optique.

La guerre a  ainsi accentué la diversification des productions des usines Renault mais aussi forcé la France, l’Angleterre et l’Allemagne à abandonner les marchés extérieurs à l'industrie automobile américaine qui en profite pour creuser de façon définitive l'écart avec l'Europe: de 1914 à 1919 sa production tripla. En contrepartie, les constructeurs français obtiennent cependant l'élévation des droits de douanes sur les voitures importées, à 70%.


Le logo Renault d'après guerre fait clairement référence à cette période

Au début de la guerre, la production est fortement perturbée. Il ne reste plus qu'un noyau de 200 ouvriers non-mobilisables à l'usine sur plus de 4 500. Louis Renault, lui même est mobilisable comme soldat de 1ère classe, maître ouvrier. Les usines de Billancourt sont en partie fermées du 1er Août à fin septembre 1914, puis elles se consacrent à la fabrication de guerre. Les voitures et les moteurs d'avions sont construit à Lyon, où les usines ont été réinstallées dans les ateliers Rochet-Schneider pour la durée de la guerre. Mais la production automobile est très restreinte et la majorité de la production sera consacrée aux Taxi Parisien, réquisitionnés, par les autorités militaires pour le transport des soldats au front.

C'est ainsi que le fameux Taxi de la Marne, un véhicule animé par un humble 2 cylindres, destiné aux taxis a participer au transport de 5 000 hommes sur le front.
Mais rapidement, la production va s’étendre et fortement se diversifier afin de répondre à la demande du pays :

C'est un biplan plus particulièrement destiné à être utilisé comme avion de reconnaissance. L’aménagement intérieur comporte des dispositifs de photographie et de télégraphie sans fil, et l'avion est armé d'une mitrailleuse à l'avant pouvant tirer à travers l’hélice, grâce à un dispositif de synchronisation commandé par le moteur.

Une seconde mitrailleuse à l’arrière est manœuvrée par l’observateur. L'avion AR fut lancé en l9l6 pour remplacer le Farman F40 trop vulnérable. Équipé lors de ses débuts d'un moteur Renault de 160 CV il reçoit ensuite un moteur de 190 CV en 1917. Réalisé d'après les plans fournis par les services du Ministère de l’aéronautique, le biplan AR est le premier avion entièrement fabriqué par Renault qui, jusque-là, s'était limité à fournir des moteurs aux constructeurs comme Bréguet, Caudron et Farman. Environ 1.250 appareils sortiront de usines avant que sa production ne cesse à la fin de 1917 soit à peine plus d'un an après le premier exemplaire.
 

 


 


 

D'autre part, la consommation en essence s'en trouvait réduite, ce qui constituait un avantage pour les offensives de grande envergure. Deux mois et demi seulement après le commencement de son étude, Renault présente les plans à l’État-Major du premier petit tank rapide. La conception en est d'abord vivement discutée et critiquée (notamment après le remplacement de Joffre par le Général Nivelle, peu favorable à l’idée des petits chars); mais les qualités du char FT se révèlent tellement évidentes que la construction est bientôt priorisée par rapport aux autres matériels.

Les usines Renault assemblèrent jusqu’à 300 chars par mois, et en outre, elles collaborèrent à la mise en train de cette fabrication chez d’autres constructeurs, notamment chez Berliet à Lyon qui en réalisa un millier. La première bataille avec des chars Renault eut lieu le 31 mai 1918 près de Soissons, au nord de la forêt de Villers-Cotteret. C'est seulement à partir de la mi-juillet - 4 mois avant l’armistice - que les tanks FT 17 furent utilisés massivement ; ils eurent néanmoins le temps de se révéler comme les engins les plus extraordinaires et les plus efficaces de la dernière année de la Grande Guerre. Le FT 17 sera également fabriqué sous licence par Berliet, SOMUA, Delaunay-Belleville, par les américains, et même Fiat. Les services de la guerre en avaient reçu en tout 3 187 dont 247 livrés aux alliés, au moment de l'armistice.

L'arrivée du taylorisme

Chez Renault, avec l'augmentation constante des besoins va bouleverser l'usine. Dès le début de l'a guerre d'ailleurs, on observe la structure d'une chaîne assez rudimentaire caractérisée par des châssis placés avec leurs roues sur des tréteaux mobiles qui se déplacent sur deux rails; ici le mouvement se fait manuellement. En 1917, la standardisation fut imposée par les organismes, chargés des fabrications de l'aviation, aux entreprises. C'est ainsi que la guerre peut être considérée comme étant à l'origine de la création d'un ensemble politico-militaro-industriel.

La guerre a également renforcée les liens entre les constructeurs. Suite à la mobilisation, les effectifs se sont réduits chez Renault, obligé par conséquent de changer les conditions de production. Ce n'est qu'en janvier 1915 que Renault retrouve ses effectifs d’avant-guerre et qu'il peut également reprendre la construction de véhicules automobiles.

Pendant ce temps, l'organisation du travail change : 213 personnes des effectifs forment les équipes de jour, et 113 ouvriers pour les équipes de nuit. Les équipe changent d'abord chaque quinzaine, puis seulement toutes les quatre semaines. La journée de travail dure 12 heures et les femmes tiennent une place de plus en plus importante dans la main-d’œuvre tous comme les immigrés. Cette transformation va permettre à Renault de reprendre et de renforcer sa marche vers la taylorisation et le travail en série qu'il admire tant. Même si cela n'aboutit pas pour autant à un taylorisme intégral Renault avance vers une américanisation progressive et irréversible du travail ouvrier.

Dès Novembre 1918, on dénote la présence d'un véritable travail à la chaîne d'usinage, ou les temps de chaque opération sont chronométrés et coordonnés. Cette chaîne est toutefois limitée car le système de convoyeurs rigides n'était adapté qu'avec de petites pièces et ne pouvait se généraliser à l'ensemble du processus de fabrication.

Pour faire face aux besoins croissants, les usines Renault vont s'étendre considérablement. Cette mutation des aspects fonciers se caractérise également par la fabrication de matériaux de première nécessité (briquets, creusets, meules, fonderie) dont certains se révéleront être des échecs cuisants  comme les aciéries.

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