Édito: les constructeurs veulent nous interdire l'entretien "maison"
Alors que l’on nous parle d’écologie toute la journée et que l’on nous pousse à réparer plutôt que racheter, un phénomène semble prendre de l’ampleur dans l’automobile: la volonté des constructeurs de bloquer toute velléité de réparation ou d’entretien DIY, autrement dit en bon français, réalisé soi-même.
Toute la journée, nous entendons également sur les grands médias que les français se plaignent d’un manque de pouvoir d’achat. Il est vrai que quand on est automobiliste, les occasions de dépenser une bonne partie de son salaire sont courantes : prix d’achat ou location de son véhicule toujours en hausse, malus écologique, primes d’assurance qui suivent la même tendance, prix de l’énergie qui grimpe à coup de taxes, stationnements payants en hausse (en montant et en volume), radars en tous genres qui viennent nous ponctionner, et bien sûr… l’entretien, un poste qui lui aussi a explosé ces dernières années. Or, s’il y a un poste que l’on peut réduire, c’est bien celui de l’entretien s’il est réalisé à la maison.
Avec les voitures électriques, les constructeurs mettent en avant un programme d’entretien plus limité, synonyme d’économies à la clé. Et il est exact qu’en optant pour une voiture électrique, cela signe la fin des vidanges, des changements de filtre à huile ou de filtre à carburant. Les réseaux de concessionnaire ont d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme, craignant de voir leurs ateliers se vider. Des ateliers qui sont d’ailleurs submergés actuellement quand on voit les délais d’attente indiqués lorsque l’on veut prendre rendez-vous. Et il n’y a pas de raison que cela change, car les constructeurs semblent avoir tout prévu.
Des intervalles d’entretien plus courts
Vous ne l’avez certainement pas remarqué, mais les programmes d’entretien des constructeurs ont grandement évolué ces dernières années. Sur les thermiques, les vidanges doivent désormais être réalisées plus souvent. Alors que par le passé, le délai moyen entre deux vidanges était de 2 ans ou 30 000 km, il est dorénavant courant que celui-ci soit un an ou 20 000 km. De quoi s’assurer d’une redevance annuelle de plus de 300 € au minimum. Les moteurs sont-ils plus fragiles et l’huile de moins bonne qualité qu’il y a dix ans ?
Autre exemple criant chez Renault, sur une Laguna 3, en 2012, le changement du liquide de frein était planifié tous les trois ans ou 120 000 km. Sur la dernière Twingo présentée il y a quelques jours, il doit être changé tous les trois ans…
Ne sera-t-il bientôt plus possible d’intervenir sur son propre véhicule ?
À présent, les constructeurs semblent vouloir aller plus loin. Toujours sur la dernière Twingo, le capot moteur ne peut plus être retiré sans un outillage spécialisé. Renault n’a d’ailleurs laissé accès qu’au niveau de lave-glace. Les autres niveaux (frein, liquide de refroidissement) ou encore, l’accès à la batterie 12V ne paraissent plus être une option crédible pour les clients.
Ne croyez pas que seul Renault va dans cette direction. La marque Hyundai (qui ose tout de même, sans complexe, vendre un bouclier avant à plus de 7 000 €…), toujours prompte à prendre ses clients pour des gogos a mis en place un stratagème bien plus sournois, expliqué plus en détails ici.
Ainsi, pour effectuer un simple remplacement de plaquettes de freins sur une Hyundai Ioniq 5 N, le constructeur impose, en raison du frein de parking électrique, de disposer d’une valise de diagnostic professionnelle à plus de 2 000 $, et d’un abonnement mensuel pour la faire fonctionner. Malheureusement, cela ne suffit pas. Car pour faire cette simple opération, il est nécessaire de disposer de fonctions spéciales disponibles uniquement pour les personnes disposant d’un certain diplôme (délivré par le NASTF, un organisme à but… non lucratif créé par… les constructeurs). Une façon assez simple d’interdire de réaliser soi-même cette opération.
Pour justifier la situation, le constructeur invoque, comme c’est la coutume pour faire passer tout et n’importe quoi, la fameuse “SECURITE”. En se réfugiant ainsi derrière le NASTF, Hyundai se dédouane de toute responsabilité et de toute volonté d’empêcher les clients de faire leur entretien eux-mêmes. Trop facile !
Si cette démarche est inacceptable et à la limite de la légalité, n’oubliez pas que les clients, via leurs achats (ou l’absence d’achats) ont le pouvoir de sanctionner ces agissements en choisissant par exemple une ancienne Clio plutôt que neuve.