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Briatore savait que Renault serait mal

Briatore savait que Renault serait mal
Dans une interview parue sur AUTO hebdo, le Directeur Général de Renault F1 Team, Flavio Briatore, parle de la mauvaise saison 2007 de l'écurie française, d’un Alonso dont il rêve le retour et de l’affaire d'espionnage opposant Ferrari à McLaren.
Par le 05/09/2007
L’acquisition d’un club de football anglais par Flavio Briatore serait-il le signe d’un début de reconversion pour le patron de Renault F1 ? « Ni l’un, ni l’autre, réplique Flavio. Je me suis séparé de l’entreprise pharmaceutique dont j’étais co-actionnaire, je discute la reprise de l’équipe des Queen’s Park Rangers et j’ai d’autres activités, qui ne me prennent pas beaucoup de temps. Je donne les grandes lignes et je délègue à des gens qui connaissent mieux que moi. Ce n’est pas parce que j’ai un super resto italien à Londres que je suis en cuisine ou que je fais le service ! Si je reprends cette équipe de foot, je ne serais ni son entraîneur ni son recruteur. Ce sera pour m’amuser un peu. Car moi, mon truc, c’est la F1. Renault F1 ! Et je m’y implique à 100%, surtout pour 2008. »
 
Pourquoi 2008 ?
« Parce que je n’ai pas envie de revivre une autre saison comme 2007 ! Nous devons redevenir compétitifs. »
 
Quelles sont les raisons de ce "ratage" en 2007 ?
« Nous n’avons pas effectué du bon boulot. Nous avons développé la R26 de l’année dernière jusqu’au tout dernier moment puisque les titres se sont joués au dernier Grand Prix. Nous n’avons donc pas abordé 2007 dans les meilleures conditions techniques. Et dans ce métier, la moindre erreur se paie très cher. On le paie encore même si, lentement mais sûrement, on redresse la barre. Et puis, les bons progressent aussi, il faut donc avancer plus vite qu’eux… »
 
On vous sait très attentif à la situation Alonso/Hamilton/McLaren. Vous n’avez pas repoussé l’échéance de votre choix de pilotes 2008 par hasard…
« Si je vous disais qu’Alonso ne m’intéresse pas, vous me prendriez pour un fou. Alors je vous dis la vérité : je rêve de le voir revenir mais il est lié par un solide contrat avec une autre équipe que la nôtre. Pas une équipe ne le refuserait, même celles qui disent le contraire. »
 
À voir régulièrement le "clan" Alonso grimper dans votre motorhome, la rumeur a de quoi enfler !
« Ce n’est pas parce qu’Alonso ne court plus pour nous que nous sommes devenus étrangers. On se voit, on discute, on rigole, on joue aux cartes… Ma société gère toujours ses intérêts commerciaux. Et on ne peut pas non plus lui reprocher que son choix professionnel ait été nul ! »
 
Il se sentirait mieux ici que chez McLaren ?
« On a toujours dit que Renault F1 était une famille… Il s’y sentirait certainement mieux que dans une usine. Mais c’est lui qui a signé le contrat McLaren, pas moi ! Alonso ne souffre pas pour autant le martyr. Il y a des gens beaucoup plus malheureux que lui sur Terre ! »
 
Où en seriez-vous aujourd’hui s’il n’était pas parti ?
« Pas beaucoup mieux. Il tirerait peut-être 2/10e de plus que la R27 mais ça ne changerait rien à l’affaire. Le problème est technique, cela n’a rien à voir avec les pilotes. »
 
Le passage au Bridgestone ?
« J’ai compris qu’on serais dans la m… deux mois avant que la saison ne commence. Il n’y a pas de secret en F1. L’année dernière, beaucoup de gens s’attendaient au retrait de Schumacher et beaucoup avaient parié sur une ultime victoire. Il y eut dans l’air comme une tendance à faire de telle manière qu’il gagne, qu’il mérite un petit coup de pouce de temps à autre… Et quand ils ont pu, ils lui ont donné. Pénalité d’Alonso à Monza, interdiction des "mass-dampers", etc. Quand les règles changent à mi-championnat, c’est qu’il y a quelque chose d’anormal. Compte tenu de cette situation, nous nous sommes investis comme des fous. Il fallait s’attendre à un retour de manivelle pour 2007. À l’inverse, vu qu’elle n’avait plus rien à dire depuis des mois, McLaren s’est mise au travail très tôt sur 2007. En plus de recommencer tard, on a commis l’erreur de sous-évaluer l’effet Bridgestone sur l’aérodynamique, et ce que nous avons cru constater en soufflerie nous a mis sur la mauvaise direction. Après sept ans de collaboration avec Michelin, nous avions réussi à avoir la voiture la mieux équilibrée du plateau. Dès que nous lui avons mis les Bridgestone elle est devenue la moins équilibrée ! »
 
McLaren s’en est mieux sortie que Renault sur ce plan-là…
« Elle a certainement d’autres moyens, mais elle a surtout bénéficier d’un gros avantage : elle a retrouvé des pneus qu’elle a bien connus avant de passer aux Michelin, après nous, et avec lesquels elle n’a jamais été vraiment à l’aise. De 3/10e derrière nous avec les Michelin, elle est passée 6/10e devant rien qu’en changeant de pneus, à châssis égal ! Démonstration qui vaut aussi pour BMW Sauber. Quant à Ferrari, elle n’a jamais rien connu d’autre. On a évidemment travaillé et progressé, mais nous aurions dû avoir au GP d’Australie la voiture que nous avons aujourd’hui. »
 
Avec plus d’argent, d’hommes et de moyens techniques, cela se serait mieux passé ?
« On a démontré par deux fois que l’on pouvait être champion du monde avec un budget "contenu", ce n’est donc pas une excuse. Même si, avec deux souffleries, on va deux fois plus vite. Mais à partir d’un certain niveau, pour moi, ce n’est plus de la F1. Ferrari dispose de moyens autrement plus gros que les nôtres et s’est plantée en 2005 et 2006. McLaren, qui a tellement d’argent qu’elle ne sait plus comment le gaspiller, n’a pas remporté de titre mondial depuis dix ans ! »
 
Renault F1 dispose-t-elle d’un budget suffisant à ses ambitions ? Le président ne vous pousse-t-il pas à vous serrer un peu la ceinture ?
« Ce discours est hors sujet. On a le budget qu’il faut pour gagner. Et si je demandais à Carlos Ghosn une rallonge de 50 millions d’euros en lui démontrant qu’il s’agit d’un besoin fondamental pour vaincre, il me les accorderait demain. Le président est le genre de personne qui, une fois le programme choisi, y va à 100%, et jusqu’au bout, en faisant confiance à ceux qui en ont la charge tant qu’ils ne lui montrent pas leur incompétence. Jusque-là, je ne pense pas que nous lui ayons donné cette impression. C’est nous qui n’avons pas réclamé ces 50 millions d’euros, tant que nous n’en avons pas eu besoin. Si la victoire n’était qu’une affaire d’argent, McLaren irait de titre en titre depuis des années. »
 
Et cette affaire d’espionnage opposant Ferrari et McLaren, qu’en pensez-vous ?
« Elle ne concerne pas Renault, je garde donc mon avis pour moi. Disons qu’elle ne fait pas de bien à la F1. La justice mène l’enquête, la FIA aussi. Voyons ce qu’il en ressortira et on commentera. »
 
La crédibilité de la discipline en prend-elle un coup avec ce genre de scandale ?
« Les gens qui travaillent en F1 devraient s’estimer chanceux. En plus, ils sont surpayés et peuvent se prévaloir de cette incroyable plus-value, celle de négocier des transferts. Malgré cela, et c’est ce qui me paraît scandaleux, ils réussissent à tromper l’entreprise qui les paie ! Tout est là. »
 
Fin 1996, quand Brawn, Byrne et Czakspy quittèrent Benetton pour Ferrari, ils emportèrent une expérience, des infos. N’est-ce pas décevant, voire inquiétant ?
« Ils ne sont évidemment pas partis la tête vide ! Ils sont partis avec ce qu’ils avaient eux-mêmes apportés à Benetton et ce qu’ils y ont appris. Mais ce n’est pas la même chose que partir avec des dessins de quelqu’un d’autre. S’il s’avère, je dis bien "si", qu’il y avait bien une connexion directe entre une ou des personnes d’une équipe et une ou des personnes d’une écurie rivale, c’est inacceptable. »
 
On dit que, selon le résultat de la cour d’appel FIA, Alonso pourrait dénoncer son contrat. Est-ce vrai ?
« Oui, et en plus il apporterait les plans de sa voiture, et le terminal n°5 d’Heathrow ! »
 
Bizarre que celui que l’on imaginait moralement à toute épreuve vive mal cette cohabitation…
« En F1, contrairement à ce que l’on croit, le facteur humain compte beaucoup. Ces garçons sont considérés comme des bêtes, des robots prêts à tout endurer. En fait, ils n’ont jamais été jeunes, ils n’ont vécu qu’au travers de la compétition et de la rivalité depuis leur adolescence. Ils sont chargés de responsabilités bien supérieures à leur capacité d’absorption. Si tu ne leur donnes pas une ambiance sereine, relaxante, transparente, la situation peut très vite dégénérer. Avec Fernando, on se connaît depuis plus de dix ans, nos relations sont ce qu’elles ne pourront jamais être là où il est arrivé en "star". Là-bas, c’est du professionnel avant tout. C’est comme un père qui verrait naître son fils et l’élèverait jusqu’à 15 ans, et un autre qui ferait connaissance de son fils à seulement 15 ans. Le rapport est totalement différent. »
 
Chez qui Piquet Jr va-t-il être titularisé en 2008 ?
« Il reste très peu d’équipes avec un bon volant libre. Alors, Fisico/Kova, Fisico/Piquet, Piquet/Kova… J’aurais aimé juger mes pilotes avec une bonne machine pour fixer mon choix. J’attends encore un peu. Mais de toute façon, nous aurons un pilote d’essais français, Romain Grosjean. Il fait partie du programme Renault Driver Development et nous allons lui trouver un volant GP2. Je suis très satisfait de mes pilotes. Quand j’entends les gens crier au miracle au sujet d’Hamilton, je me dis que s’il n’avait pas raté une victoire à cause d’une panne sèche, c’est Nelsinho qui aurait eu le titre de GP2. »     

Le directeur de Renault F1 Team peut être satisfait : en 2005 puis en 2006, Flavio Briatore a fait gagner à l'écurie française les titres constructeurs et pilotes (Alonso) 
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